The hunting of the woodcock and its future.
ALERTE PRELEVEMENTS FEMELLES !
La chasse de la Bécasse au chien d'arrêt, crée un prélèvement défavorable aux femelles, car elles tiennent mieux l'arrêt que les mâles, arrivent les premières sur les sites d'hivernage, fréquentent les meilleures remises, les plus riches en lombrics, larves d'insectes et myriapodes. Leurs comportements et habitudes (1) les rendent plus faciles à prélever, en particulier par les chasseurs spécialistes.
Résultat : En France, à la chasse, nous prélevons régulièrement depuis plus de 25 ans, environ 61% de femelles pour 39% de mâles, soit presque deux femelles pour un mâle ! (C'est probablement le cas dans les autres pays de migration automnale et d'hivernage).
Comme il est toujours admis par les spécialistes, que le Sexe/Ratio à la naissance est de 50% de femelles et 50% de mâles, un tel déséquilibre dans la mortalité inter-sexe à la chasse, même pour une espèce polygame, est préoccupant pour l'état de conservation de l'effectif reproducteur Européen.
Nous sommes surpris de constater que les spécialistes de l'oiseau et de son baguage en France, n'aient pas cherché à connaître la réalité sur le sexe/ratio à la naissance, préférant se contenter d'hypothèses. Qu'elle lacune, surtout pour les représentants d'un club spécialisé qui vente le sérieux scientifique de ses études !
Nous, simples chasseurs chercheurs, peut-être plus curieux ou plus motivés que d'autres pour préserver la Bécasse des bois, afin de continuer de la chasser avec nos chiens, avons voulu en savoir plus.
Confirmation. Rien n'a été fait pour connaître le Sexe/Ratio à la naissance. Les « experts » admettent toujours qu'il serait de 50/50. C'est un peu léger pour un indicateur indispensable, dans la connaissance et la préservation de cette espèce.
Heureusement, en cherchant un peu, nous avons trouvé des études scientifiques sur le suivi de la Bécasse , réalisées depuis 25 ans par les spécialistes Suisses (2) de l'oiseau et de son baguage dans le canton de Neuchâtel. Avec d'autres enseignements, nous y avons trouvé ce que nous cherchions.
Une étude particulièrement sérieuse, sur le sexe/ratio des jeunes à la naissance et sur celui des adultes nicheurs.
Leurs observations qui se poursuivent, portent sur 41 jeunes Bécasses JNP et JNT (3) et sur 66 adultes nicheurs (1er et 2ème année ou +), nées et baguées de 2012 à 2021 dans le Jura Neuchâtelois. Après leur capture à l'aide d'un filet type Japonais, le sexage a été réalisé en laboratoire par analyse ADN des plumes.
Résultat : Sur 41 jeunes autonomes, (16) soit 40% sont des femelles.
Sur 66 adultes nicheurs, (24) soit 36.5% sont des femelles.
D'après leurs travaux, le Sexe/Ratio à la naissance serait donc, de 40% de femelles pour 60% de mâles, bien en dessous du 50/50 toujours admis par des spécialistes, trop souvent autoproclamés.
Même si l'échantillon est encore modeste, il n'y a aucune raison objective pour que les résultats obtenus en Suisse, ne soient pas les mêmes dans les autres pays de la reproduction.
Nous pouvons en déduire, que sur un effectif migrateur post nuptial de 100 Bécasses posant les pattes dans les pays d'hivernage, il y aurait environ 40 femelles pour 60 mâles. Comme nous tuons à la chasse 61% de femelles pour 39% de mâles, nous accentuons davantage le déséquilibre au détriment des femelles, dans l'effectif reproducteur Européen survivant.
Seules les réserves et les territoires non prélevés, le pondèrent un peu.
Voilà pourquoi, avec d'autres chasseurs, chercheurs, scientifiques, nous ne comprenons toujours pas comment, des représentants cynégétiques (y compris ceux des associations spécialisés), peuvent continuer d'affirmer que la Bécasse des bois se porte bien, avec des effectifs stables et même en augmentation !
Les résultats de nos recherches sur le Sexe/Ratio, qui s'ajoutent à nos autres arguments, décrédibilisent leurs affirmations.
Déjà, avec les données techniques et scientifiques, que nous avons en notre possession, il y a plus d'une décennie que nous estimons que l'état de conservation de l'espèce est de plus en plus mauvais et, que les effectifs reproducteurs Européens sont sur une tendance à la baisse qui s'apparente à un déclin. L'étude Suisse renforce notre point de vue.
Voilà pourquoi, nous n'arrêterons pas de dire, d'écrire, de répéter inlassablement, qu'il faut cesser le tir de la Bécasse des bois en Europe à minima le 15 janvier (4). Comme il est impossible à la chasse de faire un tir sélectif (comme par exemple pour le faisan), la seule solution c'est la réduction des prélèvements sur l'espèce partout en Europe. Cesser le tir à minima le 15 janvier est une réglementation responsable, nécessaire, efficace, incontournable, si nous voulons que la Bécasse et sa chasse avec nos chiens aient un avenir.
La Chasse de la Bécasse des bois Juin 2023
La bécasse se déchaîne !
Sources.
1° C. Fadat 1995. La Bécasse des bois en hiver. Editions Clermont l'Hérault.
C.Fadat 2009. La vie de la Bécasse des bois, Écologie et Chasse raisonnée. Editions Clermont l'Hérault.
Y. Ferrand, F. Goossmann 2009. La Bécasse des bois Histoire naturelle. Effet de Lisière, Editions Saint Lucien.
J.P Boidot 2012. Mystérieuse et Fascinante Bécasse des bois. Imprimerie Le Corrézien, 19460 Navès.
2° Contribution au suivi Démographique de la Bécasse des bois, Scolopax rusticola, dans le canton de Neuchâtel (Suisse)
Aves 56/1-2019-49 75. Jean-Lou Zimmermann, Serge Santiago.
Aves 2015-52/3 Septembre 2015. Jean-Lou Zimmermann, Blaise Mulhauser.
3° JNP, jeunes précoces. JNT, jeunes tardives.
4° D'après les résultats de nos études, nous estimons que l'arrêt du tir le 15 janvier en Europe, préserverait environ 15% de Bécasses des bois par saison. Il pourrait permettre à terme, de stopper l'hémorragie et de reconstituer les effectifs.