The hunting of the woodcock and its future.
C'est principalement par la presse et la télévision, qu'un grand nombre de Français et d'Européens, ont eu connaissance d'une étude, qui pointe l'effondrement des populations d'oiseaux en Europe depuis 1980.
Cette étude sur leur disparition est le fruit d'une large collaboration scientifique Européenne. Elle a été réalisée par, Vincent Devictor le coordinateur, directeur de recherches au CNRS et, à l'institut des sciences et de l'évolution de Montpellier, par Stanislas Rigal doctorant chercheur en biologie de la conservation rattaché à l'université de Paris-Saclay et, par Vasilis Dakos chercheur au CNRS.
Preuve de son sérieux, elle a été publiée le 15 mai 2023 dans la revue américaine « Proceedings of the National Academy of Sciences » (PNAS), la revue scientifique éditée par l'Académie des sciences des États-Unis.
Selon les chercheurs, les effectifs des oiseaux auraient été amputés en moyenne de 25% en moins de quarante ans, soit 800 millions d'individus.
Toutes les espèces sont concernées.
Moins 57% pour les espèces agricoles.
Moins 40% pour les oiseaux qui préfèrent le froid.
Moins 28% pour les oiseaux nichant en milieu urbain.
Moins 18% pour les oiseaux forestiers.
Ces chercheurs le précisent. Quand les oiseaux vont mal, c'est tout l'écosystème qui est touché.
Cette étude scientifique sur la disparition des oiseaux Européens, qui évoluerait en moyenne au rythme de 20 millions par an, est certainement la plus complète, la plus documentée, publiée sur le sujet. Trente sept ans de données, 20.000 sites de suivis dans 30 pays européens, 170 espèces chassables et non chassables passées au crible !
Elle croise les jeux de données pour en hiérarchiser les causes, c'est une première. Sans ambiguïté, les pratiques agricoles sont les principales responsables. Elles éradiquent les populations d'insectes (1), empoisonnent les graines, éliminent le vivant dans les sols. Les oiseaux figurent parmi les premières victimes, qu'ils soient affamés par l'absence d'insectes ou qu'ils ingèrent des substances toxiques pour le vivant.
Seules, quelques espèces généralistes sortent gagnantes de l'appauvrissement général. Le Pigeon ramier, la Tourterelle turque et, certains Corvidés.
Pour ceux qui depuis 2001, suivent les travaux menés et coordonnés par le Muséum National d'Histoire Naturelle (MNHS), ce n'est pas une surprise. Le
suivi temporel des oiseaux communs (STOC), faisait déjà état d'une chute de plus de 33% des espèces des milieux agricoles, comme la Perdrix rouge, l'Alouette des champs ou la Fauvette grisette. Dans le même temps, au Centre d'études biologiques de Chizé, une unité du CNRS implantée dans les Deux-Sèvres, révélait une baisse très significative de 35% pour l'Alouette des champs et, de 80% pour les Perdrix, en l'espace de vingt trois ans.
Comme nous pouvons le constater, chassables ou non chassables, tous les oiseaux ou presque sont touchés. L'Alouette des champs moins 35 à 58%, le Moineau friquet moins 75%, les Perdrix moins 80%, le Bruant ortolan moins 90%.
La chasse ne serait donc pas la première responsable de l'effondrement, même si les prélèvements non maîtrisés qu'elle peut provoquer, peuvent l'accentuer et l'accélérer.
Il n'y a donc aucune contradiction, entre l'appropriation raisonnable des fruits de la nature et le respect de la vie animale. Pratiquée dans cet esprit, la chasse est une activité saine et passionnante. Elle est basée sur l'observation, la connaissance de toutes les espèces, à condition que la pression de chasse et les prélèvements qui vont avec, soient compatibles avec l'état de conservation du gibier. Cela dépend du comportement des chasseurs et de leurs représentants.
Voilà pourquoi, les chasseurs Bécasse des bois, ne peuvent qu'être interpellés par les conclusions des chercheurs sur les oiseaux forestiers et, sur les oiseaux qui préfèrent le froid. Leurs effectifs seraient en baisse, respectivement de 18 et de 40%. Pour ces deux familles dont fait partie la Bécasse, la pression la plus néfaste s’avère être les conséquences du réchauffement climatique. Elles provoquent des modifications et, des destructions d'habitats, auxquelles s'ajoutent la diminution des ressources alimentaires.
Si ces scientifiques ont raison (2), par quel miracle la Bécasse des bois ne serait elle pas impactée ? Leurs résultats renforcent mes analyses, sur l'état de conservation de l'effectif reproducteur Européen. Il est de plus en plus mauvais.
Que mes adversaires, plus exactement les adversaires de la Bécasse et de sa chasse avec des chiens, prouvent le contraire, mais avec d'autres arguments que leurs indicateurs habituels, aujourd'hui dépassés !
Philippe Vignac, chasseur, chercheur. Juin 2023
1°- Les populations d'insectes seraient en diminution de 70% sur la période.
2°- Mon suivi des oiseaux communs des jardins que je réalise depuis 22 ans, montre une diminution moyenne de 52%.