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RECHERCHES sur la FREQUENTATION et L'HIVERNAGE

                               de la BECASSE des Bois

                    sur un TERRITOIRE NON PRELEVE

                                                                         Territoire observé.

 

Département : GIRONDE

Superficie 350 hectares, clôturés et gardés.

Végétation : Pins des Landes, Chênes, ajoncs, brandes, fougères.

Terrain : Sablonneux.

Droit de chasse : Depuis 1975 (49 ans).

Qualité de la fréquentation du territoire : Secondaire (*).

 

(*) L’expérience et des années d'observations, m'ont permis de classer les territoires recevant la Bécasse des bois en France en migration et en hivernage en quatre groupes.

Les territoires exceptionnels et privilégiés.

Les territoires principaux.

Les territoires secondaires.

Les territoires occasionnels.

   Historique.

 

Sur ce territoire, depuis 1976 et jusqu'en 2010, 10 journées de chasse chaque saison, pour en moyenne 12 à 15 fusils par journée et autant de chiens.

Gibier : Faisans et Perdreaux, accessoirement la Bécasse des bois.

Depuis 1976 fermeture de la Bécasse des bois le 31 décembre.

 

Tableau de chasse et comptage des hivernantes Bécasse.

Moyenne tous les 10 ans:

De 1976 à 1985 : Total fréquentation : 20 . 8 tuées. 12 hivernantes recensées.

De 1986 à 1995 : Total fréquentation : 14 . 5 tuées. 9 hivernantes -

De 1996 à 2005 : Total fréquentation : 8 . 3 tuées. 5 hivernantes -

De 2006 à 2010 : Total fréquentation : 5 . 2 tuées. 3 hivernantes -

 

Age/Ratio moyen sur 35 ans des oiseaux tués : 61% de jeunes. 39% d'adultes .

Sexe/Ratio moyen - : 65% de femelles. 35% de mâles.

Poids moyen : 313 grs avec une tendance régulière à la baisse depuis 1990.

 Objectif et Moyens.

 

En 2011 pour essayer de stopper la chute et faire remonter la fréquentation de la Bécasse sur notre territoire (environ 75% de baisse en 35 ans), nous avons décidé de redonner de l'attractivité aux places Bécasses, en faisant chaque année des aménagements spécifiques (débroussaillage avec le broyeur et la landaise).

Encouragé par les premiers signes d'augmentation de la fréquentation, j'ai stoppé définitivement le tir de la Bécasse sur tout le territoire à partir de la saison 2013/2014 .

 

L’Étude.

 

Dès la saison 2014/2015 j'ai commencé les comptages, les observations les recherches nécessaires, pour réaliser une étude avec un protocole scientifique, sur la pose et l'hivernage de la Bécasse sur ce territoire aménagé, peu chassé et non prélevé. (J'utilise le même protocole depuis plus de 50 ans sur les territoires où je chasse).

Je suis le seul à la chasser avec un chien pour faire les comptages et les observations, aidé par un ami qui garde la chasse. Je me suis fixé un protocole de 15 sorties bien réparties sur chaque mois, pour 25 heures par saison .

 

Tableau Récapitulatif de l'étude, 2014/2015 à 2023/2024.

Capture hivernantes.PNG

Résultats et Enseignements.

 

Comme le montre le tableau ci dessus, mes recherches réalisées de 2014/2015 à 2023/2024 (10 ans) permettent de dégager quatre tendances nettes.

 

1 . L'arrêt des prélèvements, l'aménagement et l'entretien des places à

Bécasses chaque année, permettent une augmentation significative des

poses et de l'hivernage les six premières saisons.

2 . Sur les quatre dernières, nous constatons une relative stabilité de la

fréquentation, qui a retrouvé seulement celle de 1996 à 2005.

3 . Pendant la migration automnale, en moyenne 81% des Bécasses qui

posent les pattes sur le territoire y reste hiverner. Le pourcentage fluctue

de 71 à 90% en fonction de la qualité du biotope chaque saison.

4 . Un pourcentage non négligeable d'hivernantes (en moyenne 10%), part

en migration de reproduction dès la mi-janvier. Cette tendance semble

s'accentuer. Devant ce constat, tuer des Bécasses des bois en Europe, à

minima après le 15 janvier(*), est un non sens cynégétique.

(*) A titre personnel je suis pour l'arrêt du tir des espèces sauvages non invasives, le premier dimanche de janvier. Cette réglementation a déjà été en vigueur en France pendant de nombreuses années.

 

J'ai également noté.

 

Les arrivées pendant la migration automnale, s'échelonnent du 13 novembre au 10 décembre, avec une amplitude pouvant être d'environ 5 jours suivant les saisons.

Les départs en migration de reproduction, s'échelonnent du 20 janvier au 28 février. Cette année 2024, toutes les hivernantes étaient parties en migration de reproduction au 18 février !

La quantité de proies constituant l'alimentation principale des Bécasses est

déterminante pour les poses et surtout l'hivernage.

Beaucoup de miroirs et de piqués tapissent les places. Ils sont rares à observer sur les secteurs chassés, probablement à cause des dérangements.

 35% des Bécasses hivernantes, ne font pas systématiquement la passée.

Les places en hivernage peuvent atteindre 250 mètres de diamètre.

Nous avons observé deux Bécasses qui croulaient le 05 février 2022.

Pour moi c'est une surprise, mais j'ai constaté sur ce territoire que le comportement des Bécasses devant les chiens, était proche de celui des Bécasses que je rencontre sur les territoires chassés et prélevés.

Seul petit inconvénient dans mes recherches. Comme nous ne prélevons pas et que je ne souhaite pas baguer, sauf si un jour j'ai la possibilité d'équiper de balises, je ne connais plus l'Age/Ratio, le Sexe/ratio et le poids de celles qui fréquentent ce territoire.

 

Par contre j'ai le plaisir de pouvoir les regarder quand elles s'envolent à l'arrêt du chien, observer la couleur du plumage, écouter le bruit de leur ailes, estimer leur poids et prendre des photos. Ensuite en fonction des places qu'elles fréquentent de me faire mon film, en me disant. « Cette Bécasse était là la saison dernière et même les saisons précédentes ».

Merci à leur fidélité aux sites d'hivernage, elle me permet de rêver...

 

Conclusion.

 

Nous constatons combien il est difficile d'augmenter la fréquentation de l'espèce sur un territoire de chasse, même en prenant des mesures fortes pendant 10 ans. Si comme le disent les esprits malins des clubs spécialisés « le cheptel bécassier se porte bien », nous aurions dû retrouver la fréquentation de la période 1976/1985. Hors ce territoire n'a retrouvé que la fréquentation de la période 1996/2005. C'est un signe fort sur la tendance à la diminution du cheptel reproducteur Européen et, sur la fragilité de son état de conservation.

 

De plus, les résultats de mes recherches sur ce territoire, confirment ceux de l'étude de Frédéric Massie ex administrateur de la fédération des chasseurs de la Gironde . Il avait conclu que le département*, était un terminus migratoire pour la majorité des Bécasses y posant les pattes.

*Comme les départements limitrophes, Dordogne,Landes, Pyrénées Atlantiques.

Son étude validée par les représentants du réseau Bécasse de l'OFB il y a déjà 10 ans, s'appuyait entre autres, sur les reprises des Bécasses baguées en Gironde sur plusieurs saisons

A l'époque j'étais un des rares à avoir valider le résultat et, à estimer qu'en moyenne, environ 75% des Bécasses (81% dans cette étude) posant les pattes sur le département y restaient hiverner. La fermeture de la chasse pour cause de Covid tout novembre 2020, l'avait confirmé sans aucune ambiguïté en Gironde et, dans les départements limitrophes.

Malgré ça, aucune réglementation pour adapter les prélèvements en fonction de la fréquentation en hivernage n'a encore vu le jour en Gironde. Un grand bravo aux pseudos protecteurs et amoureux de cet oiseau et de sa chasse... Ils sont faciles à reconnaître.

 

Philippe Vignac Chasseur, Chercheur 24 février 2024

LIBRE

SUITE...

 

 

Même si des recherches sur 10 ans sont suffisantes pour en valider le résultat, je continue mes comptages pour le plaisir. Voici les observations 2024/2025

TABLEAU HIV2.PNG

Cette saison, j'ai décidé exceptionnellement et à contre cœur de prélever fin Décembre 2024 deux oiseaux, pour compléter mes recherches.

Sans surprise, ces deux oiseaux sont des Adultes. Une Femelle au bec de 73m/m et un Mâle au bec de 68m/m, pesant respectivement 296 et 287 grammes.

J'ai constaté que les places occupées par ce deux Bécasses, étaient restées vides jusqu'à fin février. Dans ces cas pas de Bécasses de remplacement.

 

C'est une confirmation. Sur les secteurs peu ou pas prélevés, la proportion des adultes est beaucoup plus importante que sur les secteurs chassés et prélevés, où à contrario la proportion de jeunes domine nettement.

Ces observations prouvent, que les valeurs des Age/Ratio calculées soit au baguage par l'OFB, soit à la chasse par des clubs dits « spécialisés », ne donnent ni la proportion réelle des adultes, ni celle des jeunes constituant l'effectif migrateur Européen, ni la qualité de la reproduction de la saison. La vérité se trouve quelque part entre les deux valeurs...

Nous pouvons ajouter que le baguage ne permet toujours pas de connaître le Sexe/Ratio, en l'absence d'une analyse en laboratoire d'une plume ou d'une goutte se sang des oiseaux capturés. Nous devons nous contenter de celui obtenu à la chasse. En France les prélèvements permettent d'obtenir un Age/Ratio de 39% de mâles pour 61% de femelles (moyenne depuis bientôt 30 ans). Comme il est admis par les spécialistes qu'à la naissance il y a 50% de femelles et 50% de mâles, un tel déséquilibre dans les prélèvements à la chasse, ne peut que contribuer au déclin de l'espèce. Pour de plus en plus de chasseurs, ce n'est pas une surprise.

 

Philippe Vignac. Complément à mes recherches réalisé le 25 avril 2025.

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